1990

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Richard Aeschlimann

Dans toutes vies d’artistes se succèdent des périodes de recherche, des moments de douloureuses hésitations et de tâtonnements ; puis, après les instants de doute, s’enchaînent de rapides évolutions où s’accomplissent soudainement des étapes décisives. Ce sont des instants de grâce. Ils font irruption dans la vie sans crier gare et sans explication aucune. Plus tard, on les appelle « des époques heureuses ». Dès lors, tout parait juste , à sa vraie place et en accord avec l’espace et le temps, qui sont également ceux de la création. Le bon rythme. Une sympathie s’installe avec le format des œuvres et du corps tout entier qui peint. La technique utilisée s’ harmonise avec le tempérament de l’être et se communique au sujet de la toile. Ces instants bénis sont si rares et si capricieux qu’il faut de toute urgence s’engloutir dans cette mystérieuse activité qu’est l’acte de peindre. Ne plus réfléchir et passer à l’acte, travailler, travailler et travailler encore. Alors lentement, sans heurt, s’édifie une œuvre riche et personnelle. Voilà ce que j’ai pensé en découvrant les derniers travaux de philippe Monod. Et ceci encore : si les œuvres de Philippe Monod ressortent de cette époque heureuse, emplies de sérénité, ce n’est pas au hasard qu ’on les doit, j’en suis convaincu, mais à son attitude engagée envers l’art.

Richard Aeschlimann
Chexbres, février 1990