2000

Sentiments de contemplation

Jean-Louis Ferrier

La mort qui rôde. Cachée sous chaque feuille, dans chaque brindille, dans la terre même, comme la seule possible naissance… C’est le premier sentiment que j’ai ressenti en voyant des tableaux de Philippe Monod. Ou, plus exactement, le second, car mon premier sentiment fut que ces tableaux étaient superbement abstraits. Puis, tout un univers végétal se mit à apparaître et, à peine perçu, à disparaître presque simultanément ou à se disposer autrement. Il y a un mystère, dans cette œuvre, donnée et soustraite au regard dans un même mouvement. L’affirmation de la vie y est posée à rebours par son manque ou par son vide. Si bien que, dans les tableaux récents, c’est la vie qui rôde. Sous chaque feuille, sous chaque brindille, dans la terre même. Et d’autant plus prégnante qu’elle transcende la mort dont elle est issue.

Jean-Louis Ferrier
Paris, février 2000