Philippe Monod voyage dans les profondeurs des émotions
Il n’y a pas d’entraves, aucune, et les contraires n’ont pas prise. On peut ressentir l’instantanéité comme la densité, plonger dans les profondeurs ou sentir la caresse de l’air. On peut croire, encore, à l’apparition de chevelures totémiques, de spectres en transe, ou voir des végétaux mortifiés. Avec ces derniers travaux exposés chez Ditesheim & Maffei, Philippe Monod happe dans son mouvement, incessant. En plus de livrer une écriture nouvelle.
Est-ce la peinture qui est venue vous chercher ou ce que vous vouliez dire qui en avait besoin?
Après vingt, trente ans à travailler le pastel, j’ai vécu une panne, n’arrivant plus à faire des tableaux vivants. Un constat d’échec que j’ai poussé assez loin, jusqu’au jour où l’acrylique m’a rendu cette force. Rapide, la technique permet de travailler dans l’instant mais aussi dans la longueur en superposant les couches, sans repentir. Un beau moyen de faire valoir l’acte de peindre!
Une énergie nouvelle?
Une histoire particulière, oui. J’étais en Corse face aux alignées de palmiers morts, rongés par le charançon rouge. Et… il y a eu comme un écho, j’ai vu le palmier mort en moi, puis une sorte de dialogue s’est noué, mes énergies sont revenues.
On sent les œuvres aller dans les profondeurs, en revenir. Est-ce une quête de beauté intérieure?
Parler de beauté implique un jugement de valeur, alors j’ai plutôt envie de dire qu’il y a une recherche du côté vivant, au fond de nous, de cette énergie intime. Je cherche aussi cette fraîcheur dans la façon de faire. À l’atelier, je laisse tout ouvert pour ces instants d’émotion picturale et pour sortir ces moments de vie intense.
Étrangement, ils surgissent aussi abstraits qu’humains…
C’est un peu pour ça qu’il n’y a pas de titre, ni à l’exposition ni aux œuvres. On est proche de la nature, de ses vibrations. J’espère que ceux qui les regardent puissent aussi être touchés par ce côté mouvant et sentir qu’il se passe quelque chose.
24 heures – 26 septembre 2018